L'édito d'Avril 2019
Lorsque nous commençons la promenade il est encore tôt, j’enfile un pull-over en sortant de la voiture, l’air est frais et mes yeux endormis. Quitter le chemin goudronné, enjamber un ruisseau, rejoindre l’itinéraire, suivre le GR balisé par des traits rouge et blanc, croiser des vaches, des ânes, des marmottes, des bouquetins et des chamois. Il est bientôt 13h, j’ai faim, nous marchons depuis longtemps. Mon père dit que nous déjeunerons bientôt près du lac, avec une vue imprenable sur le parc de Néouvielle. Sous sa casquette gracieusement offerte par la MGEN, on devine l’inévitable cordon à lunettes, que mon père laisse retomber dans un geste plein d’assurance, pour jeter un regard furtif sur la carte IGN, s’assurant ainsi que nous n’avons pas dévié du GR…13h45 : Je suis découragée, je n’en peux plus de randonner et je jure que si je n’étais plus une enfant je rebrousserais chemin illico presto. Mais plus tard, ayant satisfait ma faim et tout en reprenant la marche, voilà le tintement des clarines, l’odeur du foin, le bruit lointain des cascades, le soleil sur les prairies voisines et le calme imperturbable des lacs. J’ai la certitude d’être au bon endroit au bon moment. Finalement la randonnée c’est un peu comme le théâtre. Picabia disait à propos de ses tableaux qu’il y « travaill(ait) en s’amusant comme on fait du sport. » Sans doute devrais-je travailler comme on se promène, avec le savoir-vivre et l’élégance du randonneur. Au découragement succèderait la consolation de paysages toujours plus beaux, 100 m plus loin.
L'édito d'Avril 2019
Lorsque nous commençons la promenade il est encore tôt, j’enfile un pull-over en sortant de la voiture, l’air est frais et mes yeux endormis. Quitter le chemin goudronné, enjamber un ruisseau, rejoindre l’itinéraire, suivre le GR balisé par des traits rouge et blanc, croiser des vaches, des ânes, des marmottes, des bouquetins et des chamois. Il est bientôt 13h, j’ai faim, nous marchons depuis longtemps. Mon père dit que nous déjeunerons bientôt près du lac, avec une vue imprenable sur le parc de Néouvielle. Sous sa casquette gracieusement offerte par la MGEN, on devine l’inévitable cordon à lunettes, que mon père laisse retomber dans un geste plein d’assurance, pour jeter un regard furtif sur la carte IGN, s’assurant ainsi que nous n’avons pas dévié du GR…13h45 : Je suis découragée, je n’en peux plus de randonner et je jure que si je n’étais plus une enfant je rebrousserais chemin illico presto. Mais plus tard, ayant satisfait ma faim et tout en reprenant la marche, voilà le tintement des clarines, l’odeur du foin, le bruit lointain des cascades, le soleil sur les prairies voisines et le calme imperturbable des lacs. J’ai la certitude d’être au bon endroit au bon moment. Finalement la randonnée c’est un peu comme le théâtre. Picabia disait à propos de ses tableaux qu’il y « travaill(ait) en s’amusant comme on fait du sport. » Sans doute devrais-je travailler comme on se promène, avec le savoir-vivre et l’élégance du randonneur. Au découragement succèderait la consolation de paysages toujours plus beaux, 100 m plus loin.