L’édito de Mars 2021 — Coïncidence printanière !
Samedi 20 février, prendre la route pour le Mans, dans le Ford transit 2002, parler de l’époque, brinquebaler utopies et tréteaux sur l’autoroute du soleil. Passer par Toulouse, récupérer les costumes d’Albane : le chapeau d’astronaute, le parmesan géant, une armure de chevalier cousu dans un matelas mousse quechua, « allez zou on fonce jusqu’au Mans, j’ai fait des jambons beurre cornichons. » Arriver de nuit, se tromper de sortie, refaire un tour de rond-point, le Ford transit 2002 ressemble à un bureau, on y a entassé des idées au milieu des canettes de coca, bureau itinérant ouvert aux quatre vents, pourquoi on s’emmerde tout le reste du temps ?
Choisir sa chambre, écrire son nom sur l’ardoise. On travaille à la craie, on sait que tout s’efface, qu’on peut recommencer, la peur s’échappe. On cherche à monter sur la lune, le soleil est grand, je crois voir des enfants dans un arbre-cabane tirer des plans sur la comète via sarbacane. Dimanche dans l’après-midi chez le brocanteur 36 rue Gambetta, mes yeux sont en fête : posée contre une étagère, ici, une chaise de camping motifs fleuris poignées chêne doré. En quittant la boutique, la chaise sous le bras, je promène un sourire satisfait. De retour au théâtre, je m’isole un moment : la chaise, le camping, Molière et moi.
La veille de notre départ François nous fait visiter la tente du Radeau, on boit un thé dans la clairière, dans le vent le cuicui des oiseaux : sfffiiii, u-u ih-ih kikeriki cocorico tsi-tsi-tsih ouh, bzzz, bzzzzz, tuc tuc tuc, cui cui cui, kliuuuu ik ouh ik pshhee, couin couin. Quand tout à coup : coup de théâtre ! Face à moi à l’ombre d’un chêne, une chaise de camping motifs fleuris poignées chêne doré : la même !
« - Bah qu’est-ce que tu fais là toi ? Quelle drôle de coïncidence !
- je t’attendais, emmène-moi avec toi, on ira voir la mer méditerranée… !
- bah c’est-à-dire que tu appartiens à François, je dois d’abord lui demander l’autorisation.
- oh oui ! oh oui ! demande à François ! Demande à François ! Demande à François ! Allez, allez, demande à François ! deeeemaaaaande à Fraaaançoiiiiiis ! »
Cher lecteur, tu es en droit de savoir que j’ai fini par demander à François. François a dit oui puis il a ajouté : « Du temps où nous travaillions encore avec les étudiants, je leur demandais de s’asseoir sur cette chaise et j’aimais leur poser toutes sortes de questions. Par exemple : Qu’est-ce qui vous est arrivé le neuf septembre mille neuf cent quatre-vingt-douze ? » Me croiras-tu cher lecteur si je te dis que sans le savoir en donnant cet exemple François venait de prononcer très précisément ma propre date de naissance ? tzik tzik, crac crac,pitsi pitsi pitsi, krrr, tac tac tac…
Décidément, on ne soupçonne pas assez les conséquences que peuvent avoir sur une vie la rencontre entre un être humain et une chaise de camping !
Au retour, la chaise brinquebale à l’arrière du Fort transit 2002 :
« Alors comme ça vous êtes une vraie troupe ?! Vous avez signé pour la vie ?! »
L’édito de Mars 2021 — Coïncidence printanière !
Samedi 20 février, prendre la route pour le Mans, dans le Ford transit 2002, parler de l’époque, brinquebaler utopies et tréteaux sur l’autoroute du soleil. Passer par Toulouse, récupérer les costumes d’Albane : le chapeau d’astronaute, le parmesan géant, une armure de chevalier cousu dans un matelas mousse quechua, « allez zou on fonce jusqu’au Mans, j’ai fait des jambons beurre cornichons. » Arriver de nuit, se tromper de sortie, refaire un tour de rond-point, le Ford transit 2002 ressemble à un bureau, on y a entassé des idées au milieu des canettes de coca, bureau itinérant ouvert aux quatre vents, pourquoi on s’emmerde tout le reste du temps ?
Choisir sa chambre, écrire son nom sur l’ardoise. On travaille à la craie, on sait que tout s’efface, qu’on peut recommencer, la peur s’échappe. On cherche à monter sur la lune, le soleil est grand, je crois voir des enfants dans un arbre-cabane tirer des plans sur la comète via sarbacane. Dimanche dans l’après-midi chez le brocanteur 36 rue Gambetta, mes yeux sont en fête : posée contre une étagère, ici, une chaise de camping motifs fleuris poignées chêne doré. En quittant la boutique, la chaise sous le bras, je promène un sourire satisfait. De retour au théâtre, je m’isole un moment : la chaise, le camping, Molière et moi.
La veille de notre départ François nous fait visiter la tente du Radeau, on boit un thé dans la clairière, dans le vent le cuicui des oiseaux : sfffiiii, u-u ih-ih kikeriki cocorico tsi-tsi-tsih ouh, bzzz, bzzzzz, tuc tuc tuc, cui cui cui, kliuuuu ik ouh ik pshhee, couin couin. Quand tout à coup : coup de théâtre ! Face à moi à l’ombre d’un chêne, une chaise de camping motifs fleuris poignées chêne doré : la même !
« - Bah qu’est-ce que tu fais là toi ? Quelle drôle de coïncidence !
- je t’attendais, emmène-moi avec toi, on ira voir la mer méditerranée… !
- bah c’est-à-dire que tu appartiens à François, je dois d’abord lui demander l’autorisation.
- oh oui ! oh oui ! demande à François ! Demande à François ! Demande à François ! Allez, allez, demande à François ! deeeemaaaaande à Fraaaançoiiiiiis ! »
Cher lecteur, tu es en droit de savoir que j’ai fini par demander à François. François a dit oui puis il a ajouté : « Du temps où nous travaillions encore avec les étudiants, je leur demandais de s’asseoir sur cette chaise et j’aimais leur poser toutes sortes de questions. Par exemple : Qu’est-ce qui vous est arrivé le neuf septembre mille neuf cent quatre-vingt-douze ? » Me croiras-tu cher lecteur si je te dis que sans le savoir en donnant cet exemple François venait de prononcer très précisément ma propre date de naissance ? tzik tzik, crac crac,pitsi pitsi pitsi, krrr, tac tac tac…
Décidément, on ne soupçonne pas assez les conséquences que peuvent avoir sur une vie la rencontre entre un être humain et une chaise de camping !
Au retour, la chaise brinquebale à l’arrière du Fort transit 2002 :
« Alors comme ça vous êtes une vraie troupe ?! Vous avez signé pour la vie ?! »