L'édito de Novembre 2019
En 1622 à Paris naquit Jean-Baptiste Poquelin, contemporain de Cyrano de Bergerac et de D'Artagnan. Vingt-deux ans plus tard Jean Baptiste Poquelin devient Molière ; et, bien avant la gloire et la vie de château, Molière et ses compagnons de théâtre sillonnent les routes de France avec leurs modestes tréteaux. On raconte de Molière qu’il a toujours été fasciné par la Tragédie, qu’il admirait Corneille et aimait jouer ses œuvres. Mais le public n’appréciait guère les interprétations de Molière dans des rôles tragiques au point que, lorsque cela se produisait, le parterre se soulevait créant d’interminables émeutes.
Il y a un an et demi j’achetais la future caravane des Estivants à Éric, dans un petit village du haut var. En arrivant Éric m’a demandé pourquoi je voulais l’acheter et je lui ai parlé de notre compagnie de théâtre. Il m’a expliqué que sa caravane appartenait à son père décédé, qu’elle était pliable, qu’elle avait beaucoup voyagé depuis les années 70, date de sa fabrication. Il a rajouté que ça lui ferait plaisir que la caravane de son père prenne la route avec une troupe de théâtre. Je l’ai alors, observée longuement : les autocollants des différents pays à l’extérieur, la Sicile, l’Italie, la Grèce, les coussins fleuris et orangés à l’intérieur. Et puis Éric m’a interpellée par la fenêtre : « Alors comme ça vous voulez faire comme les saltimbanques, prendre la route et faire du théâtre, c’est bien ça ? Comme Molière quoi ! » Puis il a ajouté : « Est-ce qu’au moins l’une de vous sait comment s’appelait véritablement Molière ? »
Je ne sais pas pourquoi mais ce jour-là j’ai bêtement fait semblant de chercher dans ma mémoire. Je crois que j’ai eu envie de me faire croire qu’en me vendant sa caravane Éric me révélait en même temps l’existence d’un grand homme de théâtre et me promettait des jours heureux.
Cet été pendant notre tournée du camping show, à la fin du spectacle un spectateur est venu me remercier. Il m’a soudainement regardée avec beaucoup d’intensité comme frappé par une révélation : « En fait ce que vous faites, c’est un peu comme ce que faisait la troupe de Molière dans ses jeunes années. Du théâtre de tréteaux ! »
Décidément, me suis-je dit, si ça continue nous finirons par monter un spectacle sur Molière !
L'édito de Novembre 2019
En 1622 à Paris naquit Jean-Baptiste Poquelin, contemporain de Cyrano de Bergerac et de D'Artagnan. Vingt-deux ans plus tard Jean Baptiste Poquelin devient Molière ; et, bien avant la gloire et la vie de château, Molière et ses compagnons de théâtre sillonnent les routes de France avec leurs modestes tréteaux. On raconte de Molière qu’il a toujours été fasciné par la Tragédie, qu’il admirait Corneille et aimait jouer ses œuvres. Mais le public n’appréciait guère les interprétations de Molière dans des rôles tragiques au point que, lorsque cela se produisait, le parterre se soulevait créant d’interminables émeutes.
Il y a un an et demi j’achetais la future caravane des Estivants à Éric, dans un petit village du haut var. En arrivant Éric m’a demandé pourquoi je voulais l’acheter et je lui ai parlé de notre compagnie de théâtre. Il m’a expliqué que sa caravane appartenait à son père décédé, qu’elle était pliable, qu’elle avait beaucoup voyagé depuis les années 70, date de sa fabrication. Il a rajouté que ça lui ferait plaisir que la caravane de son père prenne la route avec une troupe de théâtre. Je l’ai alors, observée longuement : les autocollants des différents pays à l’extérieur, la Sicile, l’Italie, la Grèce, les coussins fleuris et orangés à l’intérieur. Et puis Éric m’a interpellée par la fenêtre : « Alors comme ça vous voulez faire comme les saltimbanques, prendre la route et faire du théâtre, c’est bien ça ? Comme Molière quoi ! » Puis il a ajouté : « Est-ce qu’au moins l’une de vous sait comment s’appelait véritablement Molière ? »
Je ne sais pas pourquoi mais ce jour-là j’ai bêtement fait semblant de chercher dans ma mémoire. Je crois que j’ai eu envie de me faire croire qu’en me vendant sa caravane Éric me révélait en même temps l’existence d’un grand homme de théâtre et me promettait des jours heureux.
Cet été pendant notre tournée du camping show, à la fin du spectacle un spectateur est venu me remercier. Il m’a soudainement regardée avec beaucoup d’intensité comme frappé par une révélation : « En fait ce que vous faites, c’est un peu comme ce que faisait la troupe de Molière dans ses jeunes années. Du théâtre de tréteaux ! »
Décidément, me suis-je dit, si ça continue nous finirons par monter un spectacle sur Molière !