L'édito de Septembre 2021
Quand je commençais à écrire ce jour-là, j’étais en plein doute cartésien. D’abord, je constatai m’être donné dans ma propre histoire un rôle assez curieux : j’étais seule dans une clairière, et je m’étais affublée d’une coiffe amérindienne, sans d’autre raison que celle que j’ignore par ailleurs. Dans ma main je croyais posséder une flèche mais je n’avais point d’arc et justement me disais-je, quand je commençais à écrire ce jour-là, j’avais le sentiment de vouloir tendre une flèche le plus loin possible, dans la clairière que j’imagine, sans posséder d’arc. Il m’était même tout bonnement impossible d’en imaginer un, ses formes, ses contours, sa matière. J’allais jusqu’à me demander si j’en avais déjà vu, et si ce n’était pas le cas pourquoi le mot « arc » m’était-il revenu en mémoire ?
Aussitôt, je m’interrogeais alors sur toutes les définitions des mots utilisés jusqu’ici : coiffe amérindienne, flèche, clairière… et je découvrais, non sans étonnement, que ma définition de la clairière ne correspondait point du tout avec la réalité. Une clairière, un endroit dégarni d’arbres ?! Et dire que pendant des années, en employant ce mot, j’ai imaginé une armée d’arbres, très proches les uns des autres au contraire, n’ayant presque plus d’espace pour tendre leurs branches, juste assez pour accueillir les rayons perçants du soleil toujours recommencé.
Voilà, dans quel état j’étais ce jour-là, quand je commençais à écrire quand tout à coup DRING DRING DRING, je décroche mon téléphone :
« - Allô Jojo, c’est mamie, où es tu ? dépêche-toi je vais être en retard, tu as oublié ? j’ai mon épreuve de philosophie à 14h30 cet après midi ! je ne veux pas rater mon BAC !
- Quoi ? ton quoi mamie ? ton BAC ? »
- Oui j’ai reçu ma convocation la semaine dernière, il faut se dépêcher, on va être en retard… ! »
Pendant un bref instant, poursuivant mes méditations métaphysiques, j’ai imaginé enfiler un pantalon à la hâte, descendre les escaliers, sauter dans ma voiture, rapide comme un éclair, cocorico, je vole, je suis là, j’emmène ma grand-mère de 85 ans passer son BAC ! Après tout, qui sait, peut-être était-elle elle-même en train de s’interroger sur la définition du baccalauréat. D’ailleurs, à bien y réfléchir, je suis sûre aujourd’hui de préférer penser qu’une clairière est une armée d’arbres percée par le soleil, toujours recommencé.
L'édito de Septembre 2021
Quand je commençais à écrire ce jour-là, j’étais en plein doute cartésien. D’abord, je constatai m’être donné dans ma propre histoire un rôle assez curieux : j’étais seule dans une clairière, et je m’étais affublée d’une coiffe amérindienne, sans d’autre raison que celle que j’ignore par ailleurs. Dans ma main je croyais posséder une flèche mais je n’avais point d’arc et justement me disais-je, quand je commençais à écrire ce jour-là, j’avais le sentiment de vouloir tendre une flèche le plus loin possible, dans la clairière que j’imagine, sans posséder d’arc. Il m’était même tout bonnement impossible d’en imaginer un, ses formes, ses contours, sa matière. J’allais jusqu’à me demander si j’en avais déjà vu, et si ce n’était pas le cas pourquoi le mot « arc » m’était-il revenu en mémoire ?
Aussitôt, je m’interrogeais alors sur toutes les définitions des mots utilisés jusqu’ici : coiffe amérindienne, flèche, clairière… et je découvrais, non sans étonnement, que ma définition de la clairière ne correspondait point du tout avec la réalité. Une clairière, un endroit dégarni d’arbres ?! Et dire que pendant des années, en employant ce mot, j’ai imaginé une armée d’arbres, très proches les uns des autres au contraire, n’ayant presque plus d’espace pour tendre leurs branches, juste assez pour accueillir les rayons perçants du soleil toujours recommencé.
Voilà, dans quel état j’étais ce jour-là, quand je commençais à écrire quand tout à coup DRING DRING DRING, je décroche mon téléphone :
« - Allô Jojo, c’est mamie, où es tu ? dépêche-toi je vais être en retard, tu as oublié ? j’ai mon épreuve de philosophie à 14h30 cet après midi ! je ne veux pas rater mon BAC !
- Quoi ? ton quoi mamie ? ton BAC ? »
- Oui j’ai reçu ma convocation la semaine dernière, il faut se dépêcher, on va être en retard… ! »
Pendant un bref instant, poursuivant mes méditations métaphysiques, j’ai imaginé enfiler un pantalon à la hâte, descendre les escaliers, sauter dans ma voiture, rapide comme un éclair, cocorico, je vole, je suis là, j’emmène ma grand-mère de 85 ans passer son BAC ! Après tout, qui sait, peut-être était-elle elle-même en train de s’interroger sur la définition du baccalauréat. D’ailleurs, à bien y réfléchir, je suis sûre aujourd’hui de préférer penser qu’une clairière est une armée d’arbres percée par le soleil, toujours recommencé.